"Milk" en avant-premiere (et critique en francais !), merci Gus Van Sant

Publié le par Miss Purple

"Milk" est le dernier film de Gus Van Sant et nous en avons eu la primeure vendredi soir a Portland.

Belle avant-premiere americaine, juste apres celle donnee a San Francisco dans le quartier de Castro, celui-meme ou Harvey Milk a commence son combat. Et je crois bien que nous sommes meme passes avant Hollywood ! Gus a fait un beau cadeau a sa ville !


Le film est excellent. Il ne sortira en France qu'en mars mais il faut d'ores et deja commencer le buzz ! Et j'en profite pour vous livrer la premiere critique francaise de "Milk", un film qui va marquer les esprits.

Gus Van Sant quitte le monde de l'adolescence apres "Elephant" et "Paranoid Park "et dans un registre proche "Last days" et "Gerry", pour se consacrer a un sujet tout aussi personnel : le combat d'un homme, surement inconnu en France et potentiellement meconnu aux Etats-Unis : Harvey Milk. Ce dernier a ete dans les annees 70 le premier homme ouvertement gay elu a un poste politique a la mairie de San Francisco. Il a oeuvre a changer les mentalites dans une Amerique ultra-conformiste et puritaine. A homme exceptionnel, destin tragique et le film de Gus Van Sant lui rend un hommage delicat et engage.

Dans le role de Milk, l'epoustouflant Sean Penn qui compose un personnage d'une belle sincerite. Les personnes qui ont connu Milk attestent qu'il a
meme ete  jusqu'a reproduire ses tics de langage et sa gestuelle. Meme sans savoir cela, on ne peut qu'apprecier l'investissement qu'il met dans sa composition. On retrouve egalement James Franco dans un registre des plus surprenants, et arborant une permanente des plus surprenantes :) ! Passees les 5 premieres minutes ou on ne voit justement que cette permanente, il installe son personnage et revele une profondeur et une justesse qui servent le film de bout en bout. Egalement dans un registre inattendu, l'acteur d'"Into the wild' ( le dernier film de Sean Penn), Emile Hirsch, illumine le film de sa petillante prestation. Tous les 3 semblent, a mon tres humble avis, bien partis pour les Oscars...

Le film est non
seulement remarquable pour ses acteurs, mais aussi pour son scenario d'une intelligence et d'une rigueur exemplaires. Mais l'ensemble bien sur n'existerait pas sans la mise en scene brillante et inspiree de Gus Van Sant. Comme jamais, il mele les images d'archives du San Francisco des annees 70 aux reconstitutions de la lutte politique d'une poignee d'hommes emmenes par Milk ( on pense aussi aux "Hommes du President"). De meme il filme avec la sensibilite et la justesse qui le caracterisent les relations intimes d'hommes en marge de la societe, d'hommes aux amours interdites, entre souffrances personnelles et volonte d'etre reconnus et acceptes.  Ainsi la mise en scene sublime les moments d'intimite avec des cadrages precis et expressifs. La lumiere joue egalement un role de tout premier ordre et souligne de mystere les moments les plus intimes et charnels. Enfin, le montage imprime un souffle unique au combat de Milk en faisant s'entrechoquer les images d'archives de manifestations et  celles de personnalites du moment comme Anita Bryant, une horrible chanteuse/actrice/activiste religieuse qui polluait les ecrans tele de son malodorant puritanisme. Le film est egalement un instructif temoignage sur la societe americaine d'alors. J'ai par exemple ete sideree d'apprendre que plusieurs Etats ont fait  passer (ou essayer) des lois interdisant aux homosexuels d'exercer dans les ecoles pour les empecher de "communiquer" (ou "contaminer" ?) leurs deviances a ces cheres tetes blondes... On revient de loin... Le film a donc cette grande qualite de revenir sur le debut d'un combat, qui trente ans plus tard, bien que n'etant pas completement fini, a effectue un beau parcours, et met ainsi en perspective les combats a mener aujoud'hui.

Un des symboles de cette avant-premiere a ete le discours d'introduction du maire de Portland, Sam Adams, elu en mai, et premier maire d'une grande ville aux Etats-Unis a etre ouvertement gay. La boucle serait-elle bouclee ? Non, il reste encore beaucoup a faire, mais disons que le combat de Milk a porte ses fruits.


Maintenant, dans un autre registre... les potins ! Chouette des potins !
Alors tout d'abord, j'ai eu la surprise d'avoir comme voisin de place, dans la salle, l'acteur principal de "Paranoid Park", Gabe Nevins.



C'est un gars de Portland, donc j'imagine qu'il etait bien normal pour lui d'assister a l'avant-premiere du nouveau film de Gus...sans oublier qu'il y a deux ans, c'etait bien lui qui etait sur scene, a la place de James Franco... Ah oui, petite chanceuse que je suis, j'ai vu le beau James Franco sur scene... Qui nous a fait du "James Franco",  voix profonde et assuree et ridules rieuses au coin de l'oeil, oui meme de ma place je pouvais voir ca ! Quel charmeur ce James... Bien que naturellement refractaire a la "beau gossitude" de certains acteurs, je dois dire qu'apres avoir vu "Milk", je suis conquise... ce doit etre la moustache ! ;)



Au fait, mais comment ai-je fait pour me retrouver a cette avant-premiere avec le gratin du gratin ? et des places allant de 30 a 70 dollars ? (l'ensemble etant reverse a une extraordinaire association "Outside Inn" qui procure des soins aux SDF et aux pauvres.) Disons que ca sert d'avoir des potes qui font exister la culture underground de Portland ! Un des meilleurs amis de Corey, Dave, a organise (il y a deux ans) une performance de velos pour un spectacle produit par Gus Van Sant et a garde contact avec lui. Et comme Gus est vraisemblablement la gentillesse incarnee, il a pense a ses connaissances fauchees et lui a offert 4 places. Et Dave nous en a donc fait profiter a Corey et moi. Je n'ai pas eu le plaisir de serrer la main de notre prestigieux bienfaiteur, mais j'ai assiste a une scene des plus surrealistes... J'ai ainsi vu mon pote Dave donner une franche accolade a Gus accompagnee d'un tres familier " Ca va buddy ?", ce a quoi Gus a repondu plein d'attention : "tu as bien eu tes places ?" "-oui, pas de probleme" et Gus de s'engouffrer dans la foule des spectateurs pour rejoindre la salle... S'en est suivi , dans un ralenti cinematographique des plus reussis, un echange de regards inattendu ( pour lui ! pas pour moi !;)) entre le cineaste a la fraiche coupe de cheveux et moi-meme avec ma fraicheur toute francaise... Les familiarites se sont arretees la.

                                          Martial Trezzini/AP

Merci pour le "Milk"...
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